tollieu

Tollieu, m. acut. Qu'aucuns escrivent et prononcent Toulieu, est un mot frequent et usité aux traictez de paix et de trefves marchandes entre les princes, en l'article des marchans, traffic et commerce, qui dit ainsi, le commerce sera libre, et pourront les marchans d'une part et d'autre porter et rapporter toutes sortes de marchandises licites et non deffendues, en payant les toulieux anciens et accoustumez. Ainsi Toulieu est autant que Dace, tribut ou droit de peage, passage, rouage foraine et semblables. Le Flamend dit Tol pour ce mesmes, et a nommé Tolen une petite ville assise en une Isle en Zelande qui en a prins le nom, par ce que le tol, c'est à dire le Tollieu du peage souloit estre acquitté en icelle villette. Le mot François et le Flamen viennent du Latin, Tollo, (Dont vient aussi Maletoste, qu'on deust escrire par ceste deduction Maletolte) qui signifie lever, c'est à dire cueillir, exiger et recevoir, aussi use on de ce mot lever en cas de tailles et subsides, disant lever la taille, Publica exigere, Ou bien, ce qui a plus de couleur, tous deux viennent de {{t=g}}télos{{/t}} en signification de tribut, subside, et de ce mot Grec {{t=g}}télônion,{{/t}} qui signifie le contour ou le bureau des exacteurs et maletoltiers (comme dit Chrysostome) où les tributs, tailles, impositions et autres subsides sont portez, acquittez et serrez, Publicanorum mensa ac scrinium, quo tributa vectigaliaque referuntur, Comme si lon disoit par syncope de la lettre {{t=g}}ô,{{/t}} Tellion (car la lettre n se trocque ordinairement en l, Bononia Boulongne) et par corruption du mot, Tollieu. Ceux qui aiment mieux l'extraire dudit verbe Latin Tollo, Le font par ce qu'en tels affaires on use aussi de ce verbe Lever, et de son opposite imposer, car on dit imposer tributs et subsides, et, lever la taille, les imposts et subsides, et, faire une grande levée de deniers sur le peuple.

Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.